La Photo animalière


Quelques principes sur la photo animalière,
avant des considérations purement techniques…

Patience :

Elle doit être la qualité première de tout photographe animalier, ainsi qu’une pratique régulière de ce type de photographie. Bien connaitre le terrain et le milieu où l’on pratique est toutefois indispensable pour saisir des photos intéressantes. Ainsi vous éviterez des dérangements de la faune. La faune locale à côté de chez soi permet souvent de faire de très belles photographies. De ce fait on n’est pas obligé de rechercher la faune exotique. (Penser à votre empreinte carbone).

N’hésitez pas à revisiter des lieux ou des spots de prises de vues. Il s’y passe toujours quelque chose. Le tout est d’être là au bon moment. Ce n’est pas parce que vous n’avez rien vu la fois précédente qu’il ne s’y passe rien ! Il y a indéniablement une part de chance dans la photo animalière. Mais en consacrant suffisamment de temps à vos projets de prise de vue, vous augmenterez vos chances de réussite.

Lumière :

La lumière du petit matin ou de fin de jour permet d’avoir de superbes ambiances. D’autre part beaucoup d’animaux sont souvent très actif au lever du jour.

Composition :

Les scènes sont souvent très rapides en photographie animalière. En effet les animaux sont souvent imprévisibles. De fait on en oublie un peu la composition de son image. Cependant si l’on connait bien la faune et si l’on observe bien on peut anticiper le comportement d’un animal ou d’un oiseau.
De surcroît en photo animalière, on est souvent tenté (voir obligé) d’utiliser de gros téléobjectifs. Ceci afin de se rapprocher de l’animal et de cadrer plus serré. Cependant une composition plus large permet de fait de mettre en valeur le milieu dans lequel évolue l’animal.

Vitesse d’Obturation :

Dans votre activité de photographe animalier vous allez utiliser de longues focales (souvent supérieur à 300 mm 500 mm voir 600 mm). En conséquence ces gros téléobjectifs induisent une instabilité à mainlevée, et un risque de bouger important. Cependant si vous avec la possibilité d’utiliser un pied ou à minima un monopod, ce risque est beaucoup moins important.

Une ancienne règle consistait à retenir une vitesse d’obturation au moins équivalente à la focale de votre télé. (Exemple 1/500 ème de sec avec un téléobjectif de 500mm). Aujourd’hui cette règle est un peu désuète. En effet la plupart de nos appareils ou téléobjectifs disposent d’un système de stabilisation optique efficace.
Le système de stabilisation de votre appareil vous mettra à l’abri d’une image flou lié au bougé. Mais pas à l’abri d’une image floue liée à une vitesse d’obturation trop lente, par rapport au déplacement souvent très rapide d’un oiseau. 
Toutefois une vitesse plus lente est parfois préférable afin de rendre une photo plus dynamique (telle que le flou des ailes d’un oiseau en vol).

Faire la mise au point sur les yeux :

Les yeux d’un animal sont l’expression de l’état de celui-ci et de ses émotions (calme, méfiance, crainte…). D’ou l’importance d’avoir une mise au point parfaite sur l’oeil. Une très belle photo avec un oeil pas très net, perd une grande partie de son expression.
Les système autofocus de nos appareils actuels nous aides beaucoup dans ce domaine. La plupart des hybrides actuels disposent d’un autofocus avec un mode animalier recherchant l’oeil de l’animal pour faire la mise au point.

Attention à la perspective de prise de vue :

La prise du vue à hauteur de l’animal est en principe la meilleure. En effet être à hauteur des yeux d’un renard lors de la prise vue donne une intimité avec votre sujet. Donc n’hésiter pas à vous baisser au niveau de l’animal, voir à vous allonger à terre.
Toutefois cette règle soit parfois difficile à respecter. Personnellement je peste parfois lorsque je fais de l’affût en observatoire. On est souvent contraint à des prise de vues en plongée trop importante pour photographier les oiseaux qui se trouvent sur le marais.

Discrétion :

Quelques points qui semblent évident, mais un petit rappel est toujours utile :

  • Éviter le bruit, La plupart des animaux sont craintifs, ont une ouïe très fine, et une excellente vue.
  • Ne faite pas de gestes brusques.
  • Ne portez pas de vêtements aux couleurs trop voyantes suivant le milieu. Le rayon chasse de certains magasins de sport permet de trouver des tenues adéquates (camouflage suivant le milieu pratiqué) et confortables le cas échéant.

Le coté parfois imprévisible des animaux fait partie de l’intérêt que représente pour moi la photo animalière.


Quelques considérations techniques pour pratiquer la photo animalière…

Beaucoup de photographes qui débutent dans cette discipline se posent la question sur l’équipement photographique nécessaire pour pratiquer celle-ci.
Il y a lieu dans un premier temps de vous poser plusieurs questions :

  • Sur le type de faune que vous envisagez de photographier (oiseaux, petite faune, gros mammifères…)?
  • Dans quel milieu allez-vous pratiquer (milieu marin, milieu humide neige pluie, sous-bois…). Envisagez-vous d’utiliser un affût flottant?
  • Quel budget voulez-vous consacrer à votre passion?

Les gros téléobjectifs style 500mm f/4, 400mm f/2,8 font toujours rêver les photographes amateurs. Cependant ceux-ci présentent certes des avantages mais également des inconvénients :

Avantages :

  • Optique de très haute qualité optique et mécanique (tropicalisation).
  • Optique très lumineuse évitant de trop monter en Iso dans des conditions de lumière difficile.
  • Très beau flou d’arrière-plan (bokeh) dû à la grande ouverture de ces optiques.

Inconvénients :

  • En premier lieu un budget très conséquent (plus de 10 000€ neuf…)
  • Un poids (plus de 3kg pour un 500mm f/4), qui peut-être un handicap sur le terrain. Ce type de téléobjectif est difficilement utilisable à main levé. Il rend souvent nécessaire l’usage d’un pied, ou à minima celui d’un monopode.

J‘ai utilisé un téléobjectif Nikkor de 500mm f/4 AFS-VR pendant plus de 10 ans jusqu’à cette année. Je me suis séparé de celui-ci (avec regret) lors de mon passage à l’hybride avec un Nikon Z9. J’utilise en remplacement un zoom Nikkor Z 100/400mm f/4,5-5,6 série S. Si j’ai une bonne proximité, je travaille en mode FX (plein format). Sinon je passe en mode DX ce qui me permet d’avoir l’équivalent d’un 600mm. La définition du capteur du Z9 (45 mp) me permet de travailler en DX avec une définition équivalente à un D500.

Avec l’âge, le 500mm était devenu trop lourd pour moi (3,9Kg, soit près de 6Kg avec un D4) et difficilement utilisable à main levé. Le zoom 100/400mm d’un poids de 1,4 Kg me permet de travailler à main levé et d’avoir une très grande mobilité pour le suivi de certains oiseaux. L’ouverture de 5,6 à 400mm reste très bonne pour les conditions de prise de vue que l’on rencontre en Camargue, Certes le bokeh est moins beau qu’avec le 500mm dans certaines conditions, mais reste toutefois très agréable.

Les chois possibles :

Si vous débutez en photo animalière, Si le poids du matériel vous rebute, Si votre budget est limité, quel choix ?

  • Avoir un boitier à capteur APS-C, capteur plus petit que le format 24×36 (16×24 chez Nikon – 15×22 chez Canon) qui permet d’avoir un coefficient 1,5 chez Nikon, et un coefficient 1,6 chez Canon par rapport au format 24 x 36. Votre 300mm devient ainsi un 450mm ou 480mm sans perte de luminosité. (l’ouverture de l’optique reste identique).
  • Choisir un objectif type 300mm f/4 (tel que le Nikon AF-S NIKKOR 300 mm f/4E PF ED VR que j’utilisais avec le D850). Cette optique pèse moins de 800gr. Son prix en neuf est au environ de 1800€.
  • Utiliser un zoom style Canon EF 100-400 mm f/4.5-5.6 L IS II USM, environ 2200€ ou Nikon AF-S 200-500/5.6 E ED VR, environ 1400€.
  • Ajouter un convertisseur style TC14EIII chez Nikon, environ 520€, qui vous permet d’avoir une coefficient 1,4 (votre 300mm devient un 420 mm. Toutefois cela au détriment de la luminosité car vous perdrez une ouverture) à réserver à des optique assez lumineuse f/4 minimum de préférence. Sur une optique ouvrant à f/5,6 l’ouverture devient f/8, et cela peut se répercuter sur le fonctionnement de l’autofocus, la qualité des flou d’arrière-plan, et la montée en Iso….
    Personnellement je déconseille l’utilisation d’un convertisseur doubleur type TC20EIII. Sauf si vous avez la chance de posséder un téléobjectif ouvrant à f/2,8 en effet ce type de convertisseur vous fait perdre 2 ouvertures.
  • Combiner un boitier à capteur APS-C avec un convertisseur au coef.1,4. Dans ce cas, votre 300mm f/4 devient un 630mm f/5,6 chez Nikon. J’ai utilisé parfois cette option (Nikon D500 + Nikkor 300mm f/4 PF E VR + Convertisseur Nikon TC14EIII) qui me permettait d’avoir un matériel très léger.

Quelques exemples en photos :

  • Tadorne de Belon : l’intérêt de cette photo est lié en grande partie au condition météo.
  • Ibis Falcinelle : ici c’est le comportement des oiseaux qui apporte de la dynamique à ces images.
  • Martin pêcheur : ici le téléobjectif de 500mm m’a permis d’isoler l’oiseau sur son poste de pêche.

Tadorne de Belon en vol sous la pluie en Camargue. J’étais dans un observatoire, un peu désabusé par les conditions météo, quand j’ai aperçu ce Tadorne de Belon en vol… J’aime bien l’atmosphère que dégage cette photo, bien qu’elle ne soit pas parfaite…
(En effet le Tadorne est un peu trop avancé sur la partie gauche de l’image).


Tadorne de Belon sur un marais en Camargue… J’ai profité d’une belle lumière matinale, et de l’absence totale de vent (chose rare en Camargue) pour réaliser ces photos avec ce bel effet miroir.


A certaines périodes de l’année, en particulier au printemps au moment de la nidification chez les oiseaux, on peut parfois saisir des scènes très dynamique, telles que ces deux Ibis falcinelle en pleine querelle…


Martin pêcheur – Camargue – Sur cette photo le télé de 500mm sur un capteur plein format m’a permis d’estompé le fond, et de mettre le Martin pêcheur (Martine en l’occurrence) en valeur sur son poste de pêche.


Téléobjectif de rêve

Au mois de Janvier 2024, j’ai eu l’occasion d’essayer un téléobjectif de rêve, le Nikkor Z 600mm F/4 TC VR S. Ce téléobjectif comporte un convertisseur de 1,4 intégré, ce qui en fait un télé de 840mm f/5,6 avec le convertisseur activé. Ce téléobjectif m’a été prêté par Nikon France lors d’une journée de présentation de matériel au Parc Ornithologique du Pont de Gau en Camargue.

Vous trouverez ci dessous une photo faite avec ce téléobjectif à la focale de 600mm (à main levé) et avec mon Nikon Z9. J’ai réalisé un crop de cette même photo, ceci afin d’ apprécier la définition de cet objectif.

Mais le rêve a un prix : 17.000 euros …

Voilà, j’espère que cet article pourra éclairer ceux qui hésitent dans leur choix. Vous pouvez me laisser vos commentaires, ou me soumettre vos questions si vous le souhaitez.


Citation du moment

L’homme déboula sur la Terre,

Tout cela en si peu de temps : quel talent !
Puis il nomma « nuisibles » ceux qui ne participaient pas à l’entreprise.

Sylvain Tesson
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