Les Cévennes
Last updated on septembre 15th, 2024 at 05:16 pm
Situation géographique
Les Cévennes sont une région montagneuse faisant partie du Massif Central, et s’étendant essentiellement sur les départements de la Lozère, du Gard et de l’Hérault. La partie sud a un climat méditerranéen, alors que la région du Mont Lozère et du Mont Aigoual a un climat plus montagnard, compte tenu de l’altitude de ces deux massifs.
La Ville d’Alès que l’on considère comme la capitale des Cévennes, ainsi que la ville de la Grand’Combe furent un centre minier important. Aujourd’hui seules quelques tours d’acier concernant d’anciens puits de mines témoignent ainsi de ce passé révolu.
Le Parc national des Cévennes est situé pour sa quasi totalité sur le département de la Lozère. Celui-ci a été créé en 1970. Sa création fut une longue histoire puisque l’idée remonte à 1914. Ce parc présente une particularité unique parmi les parcs nationaux, celle d’abriter en particulier une population permanente importante. Ce sont pour la plupart des agriculteurs.
Une des particularités du parc national des Cévennes, est sa grande diversité de paysages :
- les Causses et les Gorges du Tarn en particulier,
- sa complexitée géologie : le calcaire alterne avec le schiste et le granit, ces différences géologique se retrouvent donc sur la végétation.
- les zones boisées recouvrent en outre presque les deux tiers du parc (c’est le seul parc forestier national de métropole) et on trouve une grande variété d’essences : chêne vert, pin maritime, hêtre, sapin et bien sur le châtaignier, l’arbre à pain des cévenoles.
Le Mont Lozère
Le Mont Lozère forme un lourd relief granitique, qui contraste par ailleurs avec les formes aigues des Cévennes schisteuses, et le calcaire des grands Causses. Cette diversité de roche a marquée l’architecture de chacune des régions des Cévennes. Le Mont Lozère est le plus haut sommet granitique du Massif Central avec 1.699 mètres d’altitude au Pic de Finiels.
Le Pic Cassini avec ses 1.680 mètres d’altitude, est le second sommet du Mont Lozère. Ce sommet a été nommé ainsi en hommage au géographe Français Jacques Dominique Cassini, qui établit les premières cartes géographiques de notre pays. De ce sommet le regard embrasse un paysage magnifique, allant des Alpes aux plus hauts sommets du Massif Central.
De toutes les Cévennes, le Mont Lozère est cependant la région que je préfère. Ici nait le Tarn qui plonge sur le petit bourg de Pont de Montvert, et qui s’en va vers l’Atlantique, et bien d’autres petites rivières à truites, comme l’Hommol et la Gourdouse.
Vous pouvez faire le tour du Mont Lozère en vélo si vous êtes un cyclotouriste aguerri. Départ du petit bourg de Vialas, dominé par le rocher de Trenze, direction Saint Maurice de Ventalon, puis ascension du col de la Croix de Bertel (1.088 mètres), ensuite descente sur le bourg de Pont de Montvert ( et son pont du XVIème siècle), remontée en direction du Bleymard par le col de Finiels (1.541 mètres), direction Cubières, Altier et son Château du Champ, Villefort sur la voie Régordane, et retour vers Génolhac et Vialas.
Le Mont Aigoual
Le Mont Aigoual culminant à 1.567 mètres d’altitude est le second sommet des Cévennes. Il offre un panorama par beaux temps des Alpes aux Pyrénées, et à la Méditerranée. Son sommet abrite un observatoire météorologique, construit à la fin du XIXème siècle.
La voie Régordane
La voie Régordane, voie de communication dès le 11ème et 12ème siécle entre Nîmes et le Puy en Velay, traverse cette région. Son origine serait même beaucoup plus ancienne et remonterait avant la civilisation romaine. On trouve sur son passage des points fortifiés : le Château de Portes (au sommet du col du même nom), en direction d’Alès. Ce chateau médiéval a été édifié au XIè siècle; alors que plus au nord, après Villefort se trouve le village médiéval (inscrit au monument historique) de la Garde Guérin, qui domine les gorges du Chassezac. Ces gorges sont d’une beauté sauvage.
Cette voie est l’une des routes reliant les ports de Méditérranée en particulier celui de Saint Gilles dans le Gard, aux foires de Champagne. Le chemin de Régordane s’avère être le chemin le plus à l’Est du royaume de France. Le port de St Gilles dont l’Abbaye abrite le tombeau de Saint Gilles, devient un lieu d’affluence des pélerins, le chemin de Régordane devient largement connu sous le nom de « chemin de Saint Gilles ». Cette voie est l’un des Chemins de Compostelle. Au XIIIème siècle Aigues Mortes supplante le port de St Gilles ensablé.
Les Chevaliers de l’Ordre de Malte
Les parcours et forêts du sommet du Mont Lozère ont appartenu jusqu’en 1795 aux chevaliers de l’Ordre de St Jean de Jérusalem, qui avait installés la commanderie des hospitaliers de Gap-Francès au hameau de l’Hôpital. Des pierres plantées marquées de la croix de Malte, emblème de l’Ordre bornaient leur propriété.
L’architecture dans les Cévennes
Le matériaux de construction privilégié de cette région est sans conteste le granite. Il est vrai que le Mont Lozère constitue une île de granite au milieu de l’océan de calcaire des Causses, et du schiste que l’on trouve par ailleurs dans les Cévennes.
Trois types de roches : Granite, schiste, et calcaire ont été utilisé dans la construction de l’habitat et ont façonné le paysage. L’architecture est adaptée aux conditions climatiques, et aux besoins liés au mode de vie rural. Les constructions sont faites pour résister au temps, par tous les temps….
Les Clochers de tourmente
Les clochers de tourmente : Sur le flanc Nord du Mont Lozère, on trouve de nombreux hameaux situés à une altitude élevée, et de ce fait exposés à des conditions climatiques plus rudes en hiver, particulièrement exposés aux tourmentes de neige en Hiver. Le grand danger pour les habitants et voyageurs de l’époque, était les tourmentes de neige. La neige balayée par un vent violent avait tôt fait de vous faire perdre votre direction. Aussi les montagnards Lozèriens avaient imaginé et bâti « les clochers de tourmente ». Dès que la tourmente devenait trop violente, les cloches se mettaient à sonner de jour comme de nuit, permettant ainsi aux voyageurs, bergers, muletiers ou villageois égarés de retrouver leur chemin. Le clocher de tourmente est aux montagnards, ce que le phare est aux marins.
Quelques-uns de ces clochers de tourmente sont visibles à la Fage, à Serviès, aux Sagnes, et à Oultet.
Les Fermes des Cévennes
- La Ferme de Troubat qui fait partie de l’écomusée du Mont Lozère, est une ancienne exploitation agricole. Celle-ci se compose de plusieurs corps de bâtiments de granit rose, datant des XVIè et XVIIè siècle. Cet ensemble est abandonnée depuis le début du XXè siècle. La Ferme à conservée sa grange, son four à pain, et son aire de battage.
Cette Ferme est construite en granit rose, d’ou les couleurs si particulières de cet ensemble architectural. - Le Mas Camargue se situe dans la zone centrale du Parc national des Cévennes.
Cet ancien corps de ferme est un témoin de l’activité agricole du siècle dernier. Des documents d’archives du XVè siècles relatent que ce domaine appartient au seigneur de Portes. A la fin du XIXè siècle, des paysans du Mont Lozère en deviennent propriétaires. Victime de son isolement et de l’évolution agricole, la ferme, malgré son avance technique et sa belle habitation, est abandonnée au sortir de la première guerre mondiale. Le Tarn prend sa source près de ce magnifique Mas, dans un ensemble de tourbières.
Le Village de la Garde Guérin
Située aux portes des Cévennes à environ de 900 mètres d’altitude, la Garde Guérin est une petite cité médiévale du XIIe siècle. Ce village médiéval se situe sur la voie Régordane. La voie Régordane, voie de communication dès le 12ème siécle entre Nîmes et le Puy en Velay, traverse cette région. Son origine serait même beaucoup plus ancienne et remonterait avant la civilisation romaine. On trouve sur son passage des points fortifiés : le château de Portes (au sommet du col du même nom), en direction d’Alès, alors que plus au nord, après Villefort se trouve le village médiéval (inscrit au monument historique) de la Garde Guérin, qui domine les gorges du Chassezac. Ce village possède une très belle église romane du XIIe siècle, dédiée à Saint-Michel, patron des Chevaliers Pariers. En 1929 cette église romane est classée « Monument Historique ». C’est un des monuments religieux les plus remarquables de la région.
En outre, en 1992, le village a servi de décor au film de Christian Fechner : « Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu ».
Fête de la Transhumance à l’Espérou
Transhumance, sonnailles et pompons, tel est le thème de cette fête. Celle-ci se déroule chaque année, au environ du 15 Juin à l’Espérou. Ce village proche du Mont Aigoual réunie plusieurs troupeaux pour cette fête. Quelques villages des Cévennes conservent encore plusieurs troupeaux de moutons perpétuant ainsi une transhumance millénaire.
Les troupeaux montent en transhumance, pour les mois d’Eté vers les pâturages d’altitude du Mont Aigoual et du Mont Lozère, vers la mi-Juin. Puis ils en redescendront ensuite au mois de Septembre.
Les troupeaux empruntent des « drailles » itinairaires et chemins très anciens, tracés au fil des siècles. Ces drailles relient les plaines du Languedoc aux régions montagneuses du massif central.
Cette fête est organisée par le Syndicat des éleveurs Ovin du Gard, la Chambre d’Agriculture du Gard et avec la participation de nombreux partenaires. On retrouve avec plaisir le coté festif de cette manifestation, et les brebis toujours bien pomponnées. En effet, pompons de laine très colorés, et sonnailles parent les brebis.
Le châtaignier et la châtaigne
Le châtaignier fait partie intégrante de la culture cévenole. La zone d’implantation du châtaignier se situe entre 500 et 800 mètres d’altitude. C’est la nourriture quotidienne des cévenols, qui consommaient son fruit la châtaigne. Cet arbre fut par ailleurs surnommé l’arbre à pain des cévenols. Le bois de châtaignier était en revanche utilisé pour les charpentes, les meubles, les tonneaux.
Les troncs de châtaigniers évidés, recouverts d’une lauze de schiste faisaient aussi office de ruches pour les abeilles. Ces ruches troncs sont spécifique aux Cévennes. Quelques apiculteurs utilisent encore ce type de ruche.
Après ramassage, les châtaignes étaient stockées dans des locaux appelés « clèdes » qui permettaient de les faires sécher. Les châtaignes étaient enfin disposées sur des claies. On allumait un feu par dessous, permettant ainsi de faire « suer » les châtaignes. Le processus était renouvelé jusqu’à ce que la clède soit toute garnie de châtaignes qui ont suées. On maintenait ensuite un feu doux pendant deux ou trois jours afin de parfaire le séchage.
Aujourd’hui, la culture de la châtaigne est abandonnée. Malgré cela quelques châtaigneraies sont encore cultivées. Les châtaignes ainsi récoltées servent à faire de la liqueur, de la confiture et de la farine.
La soie et l’élevage du vers à soie
La sériciculture dans les Cévennes est très ancienne. Toutefois, ce n’est qu’au début du XVIIème siècle que celle-ci connut un vrai essor. Les plantations de mûriers nécessaires à l’élevage du ver à soir (Bombyx du mûrier) succédèrent ainsi aux châtaigniers. L’habitat se transforma avec la constuction des « magnaneries » lieu d’élevage des vers à soie. Ces élevages furent à l’origine d’une industrie très prospère de filature et de bonneterie.
La dernière filature cévenole ferma pourtant ses portes à Saint Jean du Gard en 1965. La siriciculture cévenole fut victime de plusieurs aléas (maladies des élevages, importation de soies étrangères, développement de la soie artificielle). La sériciculture a toutefois été relancée en Cévennes dans les années 1970. La soie cévenole est traitée sur place (de la production du cocon au produit fini). Elle a finalement donné naissance à un artisanat d’art.
Voyage avec un âne à travers les Cévennes
Le jeune écrivain écossais Robert Louis Stevenson qui parcourut en 1878 les Cévennes avec son ânesse « Modestine » du Monastier sur Gazeille en Haute-Loire à Saint Jean du Gard, raconte son aventure dans un livre « Voyage avec un âne à travers les Cévennes ». Ce récit fut publié en 1879 par celui qui devint un écrivain célèbre avec ses romans « l’île au trésor » et « docteur Jekyll et Mr Hyde ».
» J’avais cherché l’aventure toute ma vie, une aventure pure et sans passion, comme il en advenait aux voyageurs héroïques des premiers temps ; et se trouver ainsi, au matin, dans un coin perdu et boisé de Gévaudan, désorienté, aussi étranger à ce qui m’entourait que le premier homme abandonné dans les terres, c’était voir, comblée, une partie de mes rêves éveillés. » Robert Louis Stevenson.
Le GR 70 permet aujourd’hui de refaire ce voyage initiatique. Vous découvrirez ainsi :
- la Haute Loire présentant un paysage volcanique avec ses roches de basalte, et ses couleurs rouges et noires,
- la Lozère avec un paysage plutôt granitique, le Mont Lozère en particulier,
- les Cévennes avec ses vallées encaissées, ses paysages de schiste et de châtaigniers.
Si vous êtes tenté par l’aventure, l’Association sur le chemin de Robert Louis Stevenson peut donc vous aider à organiser votre randonnée.
Inscription au patrimoine mondial :
Depuis juin 2011 les Causses et les Cévennes sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen.
Cette reconnaissance consacre ainsi la valeur d’un site exceptionnel dont la main de l’Homme a façonnées ces paysages depuis des millénaires.
Citation du moment
« La vie échappe au temps dans ces solitudes silencieuses. Elle s’y recroqueville sur elle même en écoutant leurs vents, leurs eaux et leurs forêts. Tout semble établi depuis les origines du Monde. »
André CHANSON, Cévennes 1957.